• Le grand chêne de la Laïta

    Il était une fois une bourgade bretonne à l'orée de la forêt de Quimperlé. Deux fiancés doivent s'y marier : la noce a lieu en juin. La fille se nomme Maharit, le garçon Guern.

    La veille de dire "oui", les amoureux se baladent au bord de la rivière Laïta. Ils veulent la traverser. Guern hèle le batelier, la barque accoste, Maharit grimpe dedans. Le jeune homme s'apprête à en faire de même mais le batelier le repousse et part en riant. Le bateau file dans le courant, de plus en plus vite.

    Maharit crie qu'il faut attendre son fiancé, mais la physionnomie du pilote du bâteau l'effraye : celui-ci a les yeux rouges, les dents branlantes et une haleine de souffre. 

    Sur la rive, drapés dans leur suaire, des spectres menacent : ce sont les esprits des assassins de la contrée. 

    Maharit pousse un gémissement et s'évanouit.

    Guern tente désespérément de suivre la barque, mais la perd de vue. Il s'assoit sous un arbre et pleure.

    Un korrigan lui apparaît (un lutin) : "Je vais t'expliquer la situation, dit le lutin. Ta fiancé a regardé derrrière elle en montant dans l'embarcation, et elle a oublié de faire le signe de la croix". 

    Guern ne comprend rien à ce que lui raconte le lutin. Pendant plusieurs jours, il explore les sentiers et les buissons de la forêt, le long de la Laïta, et sonde les eaux noires de la rivière. Nulle trace de la disparue. 

    Le korrigan se matérialise à nouveau : "Tu n'as rien trouvé ? demande le lutin. "Rien" répond Guern. 

    - "Le passeur a conduit ta fiancée à la plage des Morts. A l'endroit où la mer lèche la forêt. Prends garde, ce nautonier est damné. Il a vendu son âme au diable. Pour avoir une chance de revoir ta fiancée, tu devras te munir d'une branche de houx que tu iras couper à minuit, dãns la clairière aux Korrigans, près de la cascade aux Cerfs. Tu tremperas ce rameau dans le bénitier de la chapelle Saint-Léger, qui protège les amoureux, et tu viendras héler la barque. Tu y grimperas en prenant soin de ne jamais regarder derrière toi et en faisant le signe de la croix. Le batelier devra se soumettre".

    Guern accomplit ce que dit le lutin. Il cueille le houx, hèle la barque et embarque. La rivière Laïta grossie par un orage, roule sous les flots boueux. L'embarcation file. Le batelier profite d'un remous pour tenter de faire basculer Guern dans l'eau obscure. Mais le garçon brandit sa branche salvatrice : c'est le batelier qui passe par-dessus bord et disparaît dans l'écume. L'instant suivant, comme par magie, la barque ralentie puis s'arrête là où la mer lèche la forêt, au creux de la crique de sable blond. 

    Maharit, souriante, délivrée du mauvais sort, y attend son fiancé. Derrière elle, on voit pointer hors du sol, puis grandir en un instant un arbre colossal, dont le tronc et les branches s'inclinent avec majesté. Ainsi naît le grand chêne de la Laïta, qu'on admire encore et dont la réputation bénéfique n'est pas usurpée.

    La fiancée libérée tend la main à celui qu'elle a choisi et donne un baiser. Le lieu ne mérite plus le nom de "plage des Morts". On l'appelle désormais "la crique aux Amoureux".

    BARQUE


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  • Commentaires

    1
    Mardi 11 Septembre 2012 à 14:30
    Très belle cette légende ! Ce chêne doit être immense et majestueux ! j'aimerais bien voir à quoi il ressemble :-)bonne journée à toi et merci pour cet article, j'ai beaucoup aiméBisous
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