• On raconte, dans les forêts du nord de la France et de l'Europe, l'histoire du chêne qui touche au ciel.

    Après la création du monde, les royaumes sont bosselés de montagnes, creusées de vallées et crêpelées de forêts. Les étoiles luisent, le Soleil et la Lune se montrent à tour de rôle, les hommes et les bêtes cohabitent en harmonie.

    Trois jolies femmes tombent amoureuses d'un prince inconnu qui passe à cheval et s'éloigne. Pour faire revenir le jeune homme et gagner son coeur, les demoiselles plantent un chêne. Elles font le voeu d'attendre le chevalier aussi longtemps que l'arbre poussera.

    Les années s'enfuient, le mystérieux garçon ne revient pas, les belles se consument de chagrin, vieillissent et meurent.

    Lié par leur serment, le chêne ne cesse de grandir. Il dépasse les montagnes, il accroche les nuages, il touche le ciel et menace de crever la voûte, ce qui libérerait le feu des étoiles et l'eau des nuées. La Terre serait grillée par l'incendie, puis noyée sous le déluge.

    Chacun se désespère, la fin du monde approche, lorsqu'on voit, sur son cheval, revenir l'étrange chevalier. Après plusieurs siècles, il n'a pas pris une ride. Il brandit une épée et s'en sert comme d'une cognée pour tailler la base du chêne hypertrophié, qui s'abat dans un fracas. L'arbre tombe, non pas sur la Terre, mais au ciel. 

    L'Univers est sauvé et l'humanité avec lui. Le chevalier, dont nul ne saura jamais son nom, disparaît à l'horizon. 

    Lorsque l'on contemple les étoiles, entre lesquelles l'arbre s'est écroulé, on s'aperçoit qu'elles dessinent le visage de trois jeunes filles en larmes.

    Chene-en-foret-de-Rambouillet


    1 commentaire
  • Forêts profondes, lueurs étranges, ombres bleu-vert. Parfums d'humus, bruits de feuilles, souffles de bêtes... Entre les branches, les flux de lumières révèlent ou suggèrent des sihouettes, des présences, des esprits. Des fantasmes, des fantômes.

    Les mythologies ont souvent placé la forêt à l'origine des choses. Un arbre ou des arbres. Dans la cosmologie nordique, celle des Germains et des Vickings, le monde possède un abîme sans fond, le Niflheim, où 12 fleuves de glace engendrent l'Univers, avant que ne sourde la fontaine créatrice Hvergelmir et que n'apparaisse le géant Ymir. 

    Les géants Ases, Odin, Vili et Vé déclenchent d'abominables guerres. Odin, Vili et Vé assassinent Ymir, dont la chair devient la terre et les os de la montagne. Sur le crâne du cadavre, se lèvent 4 piliers qui portent la voûte céleste. Du sang du colosse mort jaillissent les rivières, les lacs et les mers. De ses cheveux et de ses poils surgissent les forêts.

    Un jour, Odin descend du palais des dieux (le Valhalla) par le pont de l'arc-en-ciel. Il avise deux arbres secs. Il touche les troncs qui semblent avoir une tête, un corps, deux bras et deux jambes, et leur insufle la vie. Ainsi naissent le premier homme et la première femme. Pour les Nordiques, Adam et Eve sont des arbres.

    arbres_foret5


    votre commentaire
  • La mort et les funérailles sont entourés d'un grand nombre de superstitions, interdictions et croyances.

    A l'approche de la fin, l'entourage d'un malade condamné devait faire l'acquisition d'un bonnet de coton neuf dont serait coiffé le mourant après son décès. Sitôt la mort constatée, la "prière de l'âme" était prononcée par la personne autorisée de la paroisse. Puis, on arrêtait les horloges, on les retournait contre le mur et on recouvrait d'un linge toutes les glaces et miroirs de la maison. Les volets et les rideaux devaient rester ouverts pour que l'âme du défunt puisse prendre son envol. Il ne fallait pas oublier de jeter l'eau se trouvant dans un récipient non couvert car l'âme du mort pouvait y venir s'y laver ses éventuelles souillures (venant d'une croyance disant que l'ange de la mort, immédiatement après avoir frappé, lave son glaive dans l'eau de la maison).

    La famille proche arrêtait tout travail ou toute occupation pendant le reste de la journée.

    Les "changeuses", souvent des vieilles femmes de la commune, étaient chargées de préparer le mort en lui mettant ses plus beaux habits pour "qu'il ne se présente pas nu devant le seigneur", ses bijoux pour une femme, une branche de buis entre les doigts et elles parfumaient la chambre mortuaire de sauge, de thyn, de menthe. Dans certaines communes du Berry, on plaçait une pièce de monnaie entre les dents du défunt pour qu'il se "paye" un "bon saint Pierre" (celui qui ouvre les portes du paradis).

    A Romorantin, pour annoncer l'inhumation, un homme parcourait la ville avec une clochette à la main et annonçait le jour de la cérémonie.

    Lors de la procession vers le cimetière, les chevaux ou les boeufs étaient guidés avec douceur. S'il s'arrêtaient, c'était signe que le défunt avait besoin de prières. Tout le cortège s'agenouillait et priait jusqu'à ce que l'attelage redémarre.

    Il était interdit de procéder à un enterrement après le coucher du soleil. Sinon cela annonçait un autre décès dans la commune dans les jours qui suivaient.

    idsarfgr


    2 commentaires
  • Le "Biset" c'est le mauvais oeil, "le méchant eul", et mieux ne vaut pas croiser le chemin de la personne qui le porte. L'homme ne risque pas grand chose car ce sont les animaux qui sont visés ; ce qui peut tout de même avoir de néfastes conséquences pour eux !

    En effet, si d'aventure il y a dans votre entourage un de ces individus réputés avoir le mauvais oeil et que pour des raisons obscures cette personne ait de mauvaises pensées, vos vaches verront leur lait se tarir, la crème tourner dans les jattes, vos poules refuser de pondre, vos cochons dépériront...

    Il est cependant possible d'annuler le mauvais sort grâce au "Metze", celui qui lève le sort.

    Il existait quelques astuces pour conjurer le regard mauvais de quelques vieilles femmes (la majorité des bisets). Pour cela, il suffisait de faire sortir le veau de son étable, le cheval de son écurie à reculons ou si la bête refusait de coopérer de lui appliquer un peu de sel sur la tête. Pour le porc, une croix sur l'échine, et le tour était joué. Le "Biset" pouvait passer.

    chevre


    votre commentaire